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16e édition des Journées Transervales organisées par les doctorants de l'ED 472.
21-21 mai 2026 Paris (France)
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Journée transversale ED 472 Journées transversales ED 472 - EPHECrise(s) 21 mai 2026
L’École Pratique des Hautes Études est heureuse d’annoncer l’édition 2026 (16e édition) de la Journée transversale des doctorantes et doctorants de l’ED 472 sur le thème : Crise(s). L’événement aura lieu le 21 mai 2026 à Paris. Depuis leur création en 2009, ces journées offrent un espace d’échanges transdisciplinaires destiné aux jeunes chercheuses et chercheurs. Leur objectif est de favoriser les liens entre différentes disciplines et de valoriser les travaux des doctorantes et doctorants lors d’une journée de rencontres dont les actes seront publiés. Crise d’asthme, crise écologique, crise économique, crise sanitaire, crise diplomatique, crise de la biodiversité, crise de la démocratie ou encore crise religieuse sont autant d’expressions familières qui illustrent la diversité des usages du concept de crise et de ses domaines d’applications, des sciences du vivant à la politique, en passant par l’histoire et l’économie. Ces différentes crises se distinguent aussi par l’échelle à laquelle elles se manifestent. Quelle est donc, par-delà tous ces usages du terme, l’unité du concept ? Du grec krisis (κρίσις), la crise désigne à l’origine l’action de distinguer, de juger, de décider, renvoyant avant tout à l’idée de « passer au crible » pour séparer bon et mauvais, impliquant une dimension de choix et un aspect juridique. Dans la tragédie grecque, elle illustre l’articulation du passé et de l’avenir, interrogeant l’idée de clôture. Elle renvoie au sentiment de dépassement face à l’aléa, le risque ou la vulnérabilité. En médecine hippocratique, elle désigne le changement brutal de l’état du malade, plaçant au cœur du diagnostic la genèse de la maladie, la recherche du mal et du symptôme. En mandarin, 危机 (wēijī) associe danger et opportunité. C’est à partir du XVIIe siècle que la notion de crise prend une fin d’observation sociale, perdant son sens positif de résolution au profit d’une association aux troubles pathologiques. Elle renvoie alors à un principe d’anticipation, de diagnostic et de gestion. Le Dictionnaire universel de Furetière (éd. 1795) insiste sur son rôle de dénouement, tandis que le Grand Larousse (1866-1867) ajoute au sens médical la notion d’incertitude, notamment économique et sociale. Au XXᵉ siècle, la crise prend une dimension plus politique. Une constante s’impose désormais : la dramatisation du processus décisionnel et la mobilisation d’un discernement accru face à l’angoisse d’un déséquilibre à venir. Qu’il s’agisse d’organismes, de nations, d’environnements ou de modèles religieux, la crise est synonyme de déclin, de rupture mais également de reprise et de résilience. L’objectif de cette journée d’étude est d’interroger la manière dont les sciences décrivent, vivent, analysent ou modélisent les crises. Axes de réflexion Les axes de réflexion proposés sont les suivants :
La crise peut être avant tout pensée comme un moment de rupture brutale, de dérégulation d’un système jusqu’alors perçu comme stable. Considérée comme une perturbation exceptionnelle qui surgit dans une représentation linéaire, voire téléologique, du temps, elle se voit souvent teintée d’une connotation péjorative. Elle charrie une dimension de radicalité, malgré la multiplicité de ses caractéristiques propres (durée, échelle, origine, conséquence), de ses amplitudes et ses effets. Comment les sciences rendent-elles visibles ces ruptures et les intègrent-elles à une analyse scientifique ?
La crise implique le surgissement d’un élément nouveau qui requiert un temps dédié de jugement et d’analyse. Ce moment critique est également un moment de critique : il s’agit de diagnostiquer un mal, de le nommer. Quelles sont les méthodes que se donnent les sciences pour identifier ces crises ? Ce jugement, qui renvoie à un processus de décision (le verbe krinein signifie également « trancher »), interroge cette dimension d’arbitrage. Penser la crise revient ainsi à penser la dynamique des systèmes, leurs marges de manœuvre et leurs limites, et à interroger en retour le rôle des sciences dans l’anticipation, la gestion ou l’accompagnement de ces transitions.
La crise se développe sur un fondement d’ambiguïté, à la fois aberration ponctuelle qui rend caduque le système dans lequel elle s’ancre et révélatrice d’un déséquilibre préexistant qu’il convient de résorber. Elle se fait alors symptôme d’une réforme nécessaire et agit comme un moment de bascule. Comment interroger la crise à l’aune des transformations qu’elle induit, qui en font à la fois une fin et un fondement ? Sur le plan épistémologique, la crise oblige également les sciences à renouveler leurs modèles et à considérer leur rôle dans l’accompagnement de ces transitions. La crise n’est pas seulement un événement destructeur, elle révèle également les propriétés de stabilité, de plasticité et de capacité d’adaptation des systèmes et de leurs environnements. Peut-elle donc être facteur de renouvellement de l’équilibre ?
Ce précipité de tensions s’accompagne d’émotions individuelles et collectives, et s’exprime à travers des récits et des manifestations symboliques. Souvent associée à un imaginaire négatif, la crise constitue un état d’exception qui révèle la norme déjà en place et peut servir d’outil discursif pour décrire ou accompagner un changement de paradigme. Il s’agira d’interroger les imaginaires et les représentations de la crise, à travers les acteurs qui la portent, les formes de médiatisation qui la diffusent et les images qui la construisent. Les discours produits à son sujet contribuent à la faire exister, à la contrôler et à l’interpréter. Entre regard objectif et perception subjective, la crise se vit-elle ou se construit-elle a posteriori ?
La multiplicité des visages de la crise interroge l’usage même du concept dans certaines situations : constamment pathologique, charriant un imaginaire de déclin et de cataclysme, l’us et l’abus du terme répondent parfois plus à des attentes idéologiques qu’à la rigueur d’une analyse scientifique. Face à une tendance générale à la multiplication des diagnostics de crise (Koselleck, 2006), faut-il reconsidérer l’usage du terme ? Existe-t-il alors un espace d’étude pour la crise en tant que conjoncture routinière, partie intégrante de dynamiques du vivant et d’une société, plutôt que comme état exceptionnel et dramatique ?
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